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que rien de barbare. D’ailleurs il leur reste des idées d’un premier être, quoique fort confuses ; des vestiges de culte religieux, quoiqu’à demi effacés, et de faibles traces de l’ancienne croyance ou de la religion primitive.

C’est à Lescarbot et à Champlain qu’on va devoir les détails suivans. Presque tous les peuples de cette partie du continent ont une sorte de gouvernement aristocratique, dont la forme est extrêmement variée. En général, quoique chaque bourgade ait un chef indépendant, il ne se conclut rien d’important que par l’avis des anciens. Vers l’Acadie, les Sagamos étaient plus absolus. Loin d’être obligés, comme les chefs de la plupart des autres cantons, de faire des libéralités à leurs sujets, ils en tiraient une espèce de tribut, et ne mettaient point leur grandeur à ne se rien réserver ; mais il semble que la dispersion de ces Acadiens, et peut-être aussi leur commerce avec les Européens, ont apporté beaucoup de changement à leur ancienne manière de se gouverner.

Plusieurs nations ont dans leur principale bourgade trois familles principales, qu’on croit aussi anciennes que l’origine même de la nation. Ces familles ou ces tribus ont une même souche ; mais l’une des trois est regardée néanmoins comme la première, et jouit d’une sorte de prééminence sur les deux autres, où l’on traite de frères les particuliers de cette tribu, au lieu qu’entre elles on ne se traite que de cousins. Elles sont mêlées toutes trois, sans