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blaient parler le mieux. Je leur disais grossièrement quelques articles du catéchisme, qu’ils me rendaient dans toute la délicatesse de leur langue ; je mettais aussitôt sur le papier ce que j’avais entendu ; et par cette méthode je me fis tout à la fois un dictionnaire et un catéchisme qui contenaient les principes de la religion.

» Il faut avouer, continue le missionnaire, que cette langue a de vraies beautés, et quelque chose de fort énergique dans le tour. Si je demandais à un Européen pourquoi Dieu l’a créé, il me répondrait : C’est pour le connaître, l’aimer, le servir, et par ce moyen obtenir la gloire éternelle. Un sauvage à qui je ferai la même question me répondra dans le tour de sa langue : Le grand Génie a pensé de nous : qu’ils me connaissent, qu’ils m’aiment, qu’ils me servent ; alors je les ferai entrer dans mon illustre félicité. Si je voulais dire, dans leur style, Vous aurez bien de la peine à apprendre la langue sauvage, voici comment il faudrait m’exprimer : Je pense de vous : il aura de la peine à apprendre la langue sauvage. »

Le même missionnaire ajoute que la langue huronne est la maîtresse langue des sauvages, et qu’après l’avoir apprise, on n’a besoin que de trois mois pour se faire entendre des cinq nations iroquoises ; que c’est la plus majestueuse, mais en même temps la plus difficile de toutes les langues du pays ; que cette difficulté ne vient pas seulement de ses lettres gutturales, mais