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glais de ce qu’ils sont, en leur montrant ce qu’ils ont été.

En 1691, un ministre de Salem, nommé Paris, fut le premier qui ouvrit une scène également ridicule et tragique en déclarant que sa fille et sa nièce, âgées l’une et l’autre de dix à onze ans, étaient sous le pouvoir de la sorcellerie ; il faisait tomber ses soupçons sur Tomba, femme indienne qui était à son service. On la fouetta rigoureusement pour tirer d’elle un aveu : elle confessa qu’elle était sorcière. Un ordre du magistrat la fit resserrer dans une étroite prison, où elle demeura fort long-temps. Enfin, par honte de la tenir renfermée sans preuves, on lui laissa voir le jour, mais ce fut pour être vendue, et le prix fut employé à payer les frais de sa détention. Le gouverneur-général, qui était alors sir William Phipps, ferma les yeux sur cette étrange aventure.

Elle commençait à tomber dans l’oubli, lorsqu’au mois d’août de l’année suivante, George Burrough, ministre de Falmouth, dans le comté de Main, fut accusé d’avoir jeté un charme sur une femme de Salem, nommée Marie Wolcor, et sur plusieurs autres. Son procès fut instruit dans les formes, et six femmes déposèrent contre lui. Leurs imputations choquent le bon sens ; mais le malheureux ministre n’en fut pas moins condamné au gibet ; la sentence eut son exécution. Tous les détails du procès ont été recueillis dans la collection