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mais elle forme une belle prairie. Les Français du Canada en ont souvent fait le centre de leur commerce dans ces contrées occidentales. Trois lieues au-dessus, on laisse à droite la rivière de Sainte-Croix, qui vient du lac Supérieur, et, quelques lieues plus loin, on laisse à gauche celle de Saint-Pierre, dont l’embouchure n’est pas éloignée du saut Saint-Antoine. Le Mississipi n’est guère connu que jusqu’à cette grande cascade.

Il faut naviguer sagement sur ce fleuve. On ne se hasarde pas légèrement à s’y embarquer sur des canots d’écorce, parce qu’entraînant toujours un grand nombre d’arbres qui tombent de ses bords, ou que les rivières qu’il reçoit lui amènent, et plusieurs de ces corps étrangers étant arrêtés sur des pointes ou sur des battures, on est souvent menacé de heurter contre une branche ou contre une racine cachée sous l’eau, ce qui suffirait pour crever ces frêles voitures, surtout lorsqu’on veut aller de nuit ou partir avant le jour. Aux canots d’écorce on substitue des pirogues, c’est-à-dire, des troncs d’arbres creusés, qui ont plus de résistance, mais qui, étant plus lourds, ne se manient pas si facilement. Les conducteurs qu’on amène de la Nouvelle France, accoutumés aux petites pagaies, qui servent pour les canots, ne se font pas de même à la rame. D’ailleurs, si le vent devient un peu fort, comme il arrive souvent dans la saison avancée, on n’est point à couvert des flots dans la pirogue.