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bœufs sauvages se font voir en troupeaux de deux ou trois cents. Le seul mal est que le Théakiki perd de sa profondeur à mesure qu’il s’étend en largeur ; ce qui obligea de marcher à pied pour décharger le canot, au risque d’être surpris par des partis de Soussions et d’Outagamis, attirés par le voisinage des Illinois, leurs plus mortels ennemis, et qui ne font pas plus de quartier aux Européens qu’ils rencontrent sur leur route. On est d’autant plus surpris de voir si peu d’eau dans le Théakiki, qu’il reçoit plusieurs rivières.

Le 27, en arrivant à la Fourche, nom que les Canadiens donnent à la jonction du Théakiki et de la rivière des Illinois, l’observateur fut encore plus étonné que cette rivière, après avoir déjà fait un cours de soixante lieues, soit si faible ici, qu’un bœuf, auquel il la vit traverser, n’avait pas de l’eau jusqu’à mi-jambe. Cependant celle de Théakiki, qui amène ses eaux de cent lieues et qui les roule majestueusement, perd ici son nom ; apparemment parce que les Illinois, autrefois établis en plusieurs endroits de l’une ou de l’autre, lui ont donné le leur. Après sa jonction, elle devient encore plus belle, et le pays qu’elle arrose est aussi d’une beauté singulière ; mais ce n’est que douze ou quinze lieues au-dessous de la Fourche que sa profondeur répond à sa largeur, quoique dans cet intervalle elle reçoive plusieurs rivières. La plus grande se nomme Pisticoui, et vient du pays des Mascoutins. Un ra-