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qu’on donne à des canaux formés par un grand nombre d’îles, dont le fleuve est presque couvert en cet endroit, et qui rendent le pays charmant. Le reste du jour fut employé à franchir des rapides, dont le plus considérable qu’on nomme le Moulinet, est effroyable à la vue, et coûte beaucoup de peine à passer. On fit néanmoins sept lieues le même jour, et l’on alla camper au bas du Long-Saut, rapide d’une demi-lieue de long, que les canots ne montent qu’à demi chargés. On le passa le 7 au matin, pour naviguer ensuite jusqu’à trois heures du soir. Après l’éloge que l’observateur a fait du climat, et la différence qu’il y a remarquée à mesure qu’on monte le fleuve, il paraît fort surprenant d’entendre ici qu’au milieu du mois de mai il gela la nuit suivante, comme il fait en France au mois de janvier. On était néanmoins sous les mêmes parallèles qu’en Languedoc. Le 9, on passa le rapide nommé Ploc, éloigné du Long-Saut d’environ sept lieues, et de cinq des Gallots, qui est le dernier. La Galette est une lieue et demie plus loin, et l’on y arriva le 10. Tout le pays qui est entre cette anse et les Gallots mérite l’admiration. Les forêts y sont charmantes, et l’on y remarque surtout des chênes d’une beauté extraordinaire.

À cinq ou six lieues de la Galette on trouve une île nommée Tonihata, longue d’une demi-lieue, dont un Iroquois, fort affectionné aux Français, avait obtenu le domaine, avec une patente de concession, qu’il se faisait