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l’Europe arrivent toutes à la fois ; mais elles font l’occupation d’une bonne partie de l’année : on raisonne sur le passé, on conjecture sur l’avenir ; les sciences et les beaux-arts ont leur tour, et la conversation ne languit point. Les Canadiens, c’est-à-dire les créoles du Canada, respirent en naissant un air de liberté qui les rend fort agréables dans le commerce de la vie ; et nulle part on ne parle plus purement la langue française : il est assez remarquable qu’il n’y ait ici aucun accent. On n’y voit point de particuliers riches, parce que chacun aime à se faire honneur de son bien, et que personne ne s’attache à thésauriser. On fait bonne chère ; on se met fort proprement. Tout le monde est ici de bonne taille, et le sang est fort beau dans les deux sexes. L’enjouement, la politesse et la douceur sont aussi des avantages communs ; et la grossièreté dans les manières comme dans le langage n’est pas même connue à la campagne. »

Il est important de suivre le même voyageur dans ses différentes courses, pour joindre à la description des lieux d’utiles observations dont elle est toujours accompagnée. Le 19 mars 1721, étant parti de Québec en traîneau pour se rendre à la ville des Trois-Rivières, qui en est éloignée de vingt-cinq lieues, il fit très-légèrement sept lieues jusqu’à la Pointe-aux-Trembles, une des bonnes paroisses du pays. L’église est grande, bien bâtie, et les habitans y sont fort aisés. En général, les anciens