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avait eu le malheur d’être réduit en cendre par le feu. Il ne s’en était trouvé qu’un autre dans le même port ; encore était-il sur le chantier, mais prêt à être lancé à l’eau. Le marquis de Maison-Forte, commandant de celui qui venait d’être brûlé, reçut ordre de faire tous ses efforts pour réparer l’accident, de lancer à l’eau le Vigilant, vaisseau tout neuf, de l’équiper, et de mettre sur-le-champ à la voile. Mais toute la diligence imaginable n’avait pu faire éviter la perte d’un temps précieux pendant lequel la flotte anglaise entra dans le port de Louisbourg, et fit son débarquement, sans oser néanmoins ouvrir la tranchée.

Cependant le Vigilant s’était mis en mer. Il arriva le 30 mai à la vue de l’île Royale ; mais une brume épaisse, qui fit craindre à Maison-Forte de se briser contre les écueils, l’empêcha d’abord de porter droit à la côte. Il fut réduit à courir des bordées pour attendre un temps plus clair. Sur ces entrefaites, il découvrit une frégate de quarante canons, qu’il reconnut pour anglaise. Son vaisseau étant de soixante pièces, il ne balança point à l’attaquer, et lui lâcha toute sa bordée. La frégate feignit de plier pour l’attirer dans le piége, et prit même la fuite à toutes voiles, favorisée du brouillard. Il la suivit de fort près, et l’un et l’autre arrivèrent sous l’escadre anglaise, au moment que le brouillard commençait à se dissiper. Ainsi le commandant français, qui se croyait sûr de la victoire, tomba dans une étrange surprise en