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verdâtres, avec un goût de vert-de-gris, tantôt parfaitement rouges, et teignant de cette couleur les pierres qu’elles arrosent. Les vallées sont revêtues d’une couche de terre assez mince, qui porte très-peu d’herbe, et contiennent quelques lacs d’eau douce, dans lesquels on voit des cygnes et des canards. On aperçoit aussi sur leurs bords différentes espèces de bêtes fauves qui ne peuvent y venir que du continent, quoiqu’il soit à plus de quatre lieues au nord ; mais ces animaux y passent apparemment sur la glace en hiver, ou même à la nage en été ; car ils nagent fort légèrement, et se soutiennent fort long-temps dans l’eau. Enfin l’on trouve dans l’île plusieurs traces d’hommes, telles que des pierres singulièrement entassées les unes sur les autres, qu’Ellis prit pour des tombeaux, et les fondemens de plusieurs cabanes bâties circulairement en forme de ruches, d’un mélange de pierres et de mousse. Entre le continent du nord, le mouillage est assez bon sur dix ou douze brasses de fond. L’île n’a qu’un seul port, qui est au sud-ouest, et capable de contenir cent vaisseaux ; mais l’entrée en est fort étroite, et couverte d’un îlot fort bas, tout hérissé de rochers, contre lesquels la mer se brise impétueusement. Il faut laisser cette petite île à gauche pour entrer dans le port, qui serait un des plus beaux du monde, si l’entrée avait plus de profondeur.

Ellis, ayant passé l’hiver au fort anglais, eut