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depuis qu’ils sont en commerce avec les Européens, ils abandonnent l’arc pour le fusil.

On ne connaît dans la baie aucun mal contagieux : les maux de poitrine, qui y sont les plus communs, se guérissent en buvant l’infusion d’une herbe nommée vouizz-ipek-kè, ou par des sueurs. Pour se faire suer, ces Indiens prennent une grande pierre ronde sur laquelle ils font un feu qu’ils entretiennent jusqu’à ce que la pierre en devienne rouge ; ensuite ils élèvent autour une petite cabane qu’ils ferment soigneusement ; ils y entrent nus, avec un vase plein d’eau, dont ils arrosent la pierre, et l’eau, se changeant en vapeurs chaudes et humides qui remplissent bientôt la cabane, cause au malade une transpiration très-prompte. Lorsque la pierre commence à se refroidir, ils se hâtent de sortir avant que leurs pores soient fermés, et se plongent sur-le-champ dans l’eau froide ; si c’est en hiver, ou si le pays est sans eau, ils se roulent dans la neige. Cette méthode est généralement établie, et passe pour un remède infaillible contre la plupart des maladies du pays. Celui qu’ils emploient pour la colique et pour toutes les maladies d’entrailles, n’est pas moins singulier, c’est de la fumée de tabac, qu’ils avalent en abondance.

Leurs idées de religion sont fort bornées. Ellis découvrit, sans rien donner, dit-il, aux conjectures, qu’ils reconnaissent un être d’une bonté infinie, et qu’ils nomment Ockooma, c’est-à-dire, dans leur langue, le Grand-Chef.