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La mancenille est le fruit d’un arbre très-vénéneux, à qui son port et son feuillage donnent l’apparence d’un grand poirier. Il est très-élevé ; le bois en est si bien grainé, qu’on l’emploie dans les ouvrages de marqueterie ; cependant on ne peut le couper sans péril, et la moindre goutte de son suc produit une cloche sur le membre qu’elle touche. « Un Français de notre compagnie, dit Waffer, s’étant assis sous un de ces arbres, après une légère pluie, il en tomba sur sa tête et sur son estomac quelques gouttes d’eau, qui y formèrent de si dangereuses pustules, qu’on eut peine à lui sauver la vie. Il lui en resta des marques semblables à celles de la petite-vérole. » Cet arbre croît ordinairement sur le bord de la mer. Le fruit a une forme sphérique ; sa peau est lisse, d’un vert jaunâtre et rougeâtre ; il ressemble beaucoup à une pomme d’api. Cette apparence trompeuse, jointe à une odeur agréable, invite à le manger ; mais sa chair, spongieuse et mollasse, contient un suc laiteux et perfide qui, d’abord d’un goût fade, devient bientôt caustique, et brûle à la fois le palais, les lèvres et la langue.

Le mahot (hibiscus tiliaceus) croît dans les lieux humides. Son écorce est aussi claire que le canevas : si l’on en veut prendre un morceau, elle se déchire en lanières jusqu’au haut du tronc. Ces lanières sont minces, mais si fortes, qu’on en fait toutes sortes de câbles et de cordages. Waffer donne la méthode des Améri-