Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

neur en Europe, ayant été commandé pour marcher contre une nation du Chaco, qui n’était pas éloignée de Santa-Fé, fut si troublé de la seule vue de ces sauvages, qu’il tomba évanoui. La plupart vont nus, et n’ont absolument sur le corps qu’une ceinture d’écorce, d’où pendent des plumes d’oiseaux de différentes couleurs ; mais dans leurs fêtes ils portent sur la tête un bonnet des mêmes plumes. En hiver, ils se couvrent d’une cape de peau assez bien passée, et ornée de diverses figures. Dans quelques nations, les femmes ne sont pas moins nues que les hommes. Leurs défauts communs sont la férocité, l’inconstance, la perfidie et l’ivrognerie ; ils ont tous de la vivacité, mais sans la moindre ouverture d’esprit pour tout ce qui ne frappe point les sens. On ne leur connaît aucune forme de gouvernement : chaque bourgade ne laisse pas d’avoir ses caciques ; mais ces chefs n’ont pas d’autre autorité que celle qu’ils peuvent obtenir par leurs qualités personnelles. Plusieurs de ces peuples sont errans, et portent avec eux tous leurs meubles, qui sont une natte, un hamac et une calebasse. Les édifices de ceux qui vivent dans des bourgades méritent à peine le nom de cabanes. Ce sont de misérables huttes de branches d’arbres, couvertes de paille ou d’herbe. Cependant quelques nations voisines de Tucuman sont vêtues et mieux logées.

Presque tous ces Américains sont anthropophages, et n’ont d’autre occupation que la