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tagnes de Caracas produisent les mêmes espèces de bois que les Antilles, et beaucoup d’autres qui leur sont particulières ; elles suffiraient pour fournir pendant des siècles aux besoins des chantiers les plus considérables, si la nature du terrain ne rendait pas l’exploitation du bois trop difficile ; d’ailleurs la navigation peu active ne réclame pas encore ces secours. Les forêts produisent aussi des bois de marqueterie et de teinture, et l’on y recueille des drogues médicinales, telles que la salsepareille et le quinquina.

Le lac de Maracaïbo fournit de la poix minérale ou du pissasphalte, qui, mêlé avec du suif, sert à goudronner les navires. Souvent les vapeurs bitumineuses qui planent sur le lac s’enflamment spontanément, surtout dans les grandes chaleurs. Les bords de ce lac sont si stériles et si malsains, que les Indiens, au lieu d’y fixer leur demeure, aiment mieux habiter sur le lac même. Les Espagnols y trouvèrent beaucoup de villages construits sans ordre et sans alignement, mais avec solidité, sur des pilotis. C’est ce qui fit donner à ce lieu le nom de Venezuela, ou Petite Venise, qu’il n’a pas gardé, mais qui a passé à toute la province où est situé Caracas. Ce lac a cinquante lieues de long sur trente de large ; il communique avec la mer : cependant ses eaux sont douces. La navigation y est facile, même pour les bâtimens d’une grande capacité. La marée s’y fait sentir plus fortement que sur les côtes voisines.