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que l’un ou l’autre fait de sa moitié ; celui qui reste erre sans cesse en gémissant, et se consume près des lieux où il a perdu ce qu’il aime. »

Après avoir offert au lecteur ce tableau sublime et vrai, reprenons notre description de la Guiane française. Cette colonie compte 18,000 habitans noirs ou gens de couleur, et 2,000 blancs. Cayenne en est le chef-lieu. Cette ville, bien fortifiée, est située dans une île formée par deux rivières qui se joignent : l’une donne le nom à l’île et à la ville, et l’autre est le Mahury. Le port est bon et défendu par une citadelle. La valeur des exportations se monte à près de 1,500,000 francs ; elles consistent en café, coton, sucre, indigo, rocou, épiceries, bois, de marqueterie et cuirs. La France a trop négligé cette colonie, qui, mieux administrée, aurait pu devenir florissante. Les épiceries de l’Inde ont d’abord été cultivées à l’habitation nommée la Gabrielle, qui appartient au gouvernement.

La Guiane hollandaise, resserrée dans ses limites actuelles, s’étend du Maroni au Corentin. Chassés du Brésil en 1661, les Hollandais songèrent à se dédommager de leurs pertes par un autre établissement dans l’Amérique méridionale. Dès 1640, les Français en avaient formé un sur la rivière de Surinam ; mais les terres y étant marécageuses et malsaines, ils les abandonnèrent bientôt. L’Angleterre, qui s’en saisit, n’en fit guère plus de cas. Les Hollan-