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ture de feuilles, qu’ils remplissent de grosses fourmis noires, dont la piqûre est extrêmement vive. Ils lui mettent ces deux ornemens, qui ont bientôt le pouvoir de le réveiller par de nouvelles douleurs. Il se lève, et s’il a la force de se tenir debout on lui verse sur la tête une liqueur spiritueuse au travers d’un crible. Il va se laver aussitôt dans la rivière ou la fontaine la plus voisine, et retourne à sa case, où il va prendre un peu de repos. On lui fait continuer son jeûne, mais avec moins de rigueur. Il commence à manger de petits oiseaux, qui doivent être tués par la main des autres capitaines. Les mauvais traitemens diminuent, et la nourriture augmente par degrés, jusqu’à ce qu’il ait repris son ancienne force. Alors il est proclamé capitaine. On lui donne un arc neuf et tout ce qui convient à sa dignité. Cependant ce rude apprentissage ne fait que les petits chefs militaires. Pour être élevé au premier rang, il faut être en possession d’un canot qu’on doit avoir fait soi-même, ce qui demande un travail long et pénible.

La méthode du pays pour faire les piayes (c’est aussi le nom des médecins) n’est pas moins remarquable. Celui qui aspire à cette grande distinction passe d’abord environ dix ans chez un ancien piaye, qu’il doit servir en recevant ses instructions. L’ancien, observe s’il a les qualités nécessaires : l’âge doit être au-dessus de vingt-cinq ans.

Lorsque le temps de l’épreuve est arrivé, on