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bets voisins, ils déterrent les os, et les brûlant, ils en mettent la cendre dans leur ouicou pour l’avaler en cérémonie.

Biet, autre voyageur français, rapporte quelques usages fort singuliers des peuples voisins de l’île. Ceux qui veulent obtenir la qualité de capitaine doivent avoir donne des preuves éclatantes de valeur et de prudence. Ces élections se font après une guerre, et sont précédés des exercices qui retracent exactement ceux que nous avons vus chez une nation nègre pour un semblable sujet.

Premièrement, celui qui aspire à cette grande distinction déclare ses vues en revenant dans sa case avec une rondache sur la tête, baissant les yeux et gardant un profond silence. Il n’explique pas même son dessein à sa femme et à ses enfans. Mais, se retirant dans un coin de la case, ils s’y fait faire un petit retranchement, qui lui laisse à peine la liberté de se remuer. On suspend au-dessus le hamac qui lui sert de lit, afin qu’il n’ait occasion de parler à personne. Il ne sort de ce lieu que pour les nécessités de la nature, et pour subir de rudes épreuves que les autres capitaines lui imposent successivement.

On lui fait garder pendant six semaines un jeûne fort rigoureux. Toute sa nourriture consiste dans un peu de millet bouilli et de cassave, dont il ne doit manger que le milieu. Les capitaines voisins viennent le visiter matin et soir. Ils lui représentent avec beaucoup