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versant les terres des Moteyones, où Pédro d’Orsua eut le malheur de périr. C’est entre le Daunay et le Béta qu’est la grande île de Baracan. L’Orénoque est inconnu sous ce nom au delà du Béta : il y porte celui de d’Athule ; et plus loin il est coupé par de grandes chutes d’eau qui ne permettent pas aux vaisseaux d’y passer. Raleigh, qu’on suit mot à mot dans cette description, assure que, pour ce qu’il nomme des vaisseaux de charge, la navigation est libre sur ce fleuve l’espace d’environ mille milles d’Angleterre, et que, pour les canots, elle ne l’est pas moins du double ; que ses eaux, soit par elles-mêmes ou par les rivières qui s’y jettent, conduisent au Popayan, à la Nouvelle Grenade et au Pérou ; que par d’autres rivières on peut se rendre aux nouveaux états des incas, descendus, dit-il toujours, de ceux du Pérou aux Amapaïas et aux Annabas ; enfin qu’une partie de ces rivières, qu’on peut nommer les branches de l’Orénoque, prennent leur source dans les vallées qui séparent la Guiane des provinces orientales du Pérou.

Le débordement des eaux augmentant de jour en jour, mille dangers dont les Anglais se crurent menacés leur firent souhaiter leur retour. Raleigh ne résista point à leurs instances. Il avait acquis d’heureuses lumières ; mais l’inondation ne lui laissait aucune espérance d’en recueillir le fruit. D’ailleurs ses gens étaient sans habits, et ceux qui leur restaient étaient percés de la pluie dix fois par jour. Ils n’avaient pas