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Indiens ; mais les cabanes étaient remplies de provisions dont les Anglais chargèrent leurs canots.

Ils retournèrent sans peine à leur galéasse. Les bords de la rivière, dont leurs souffrances semblaient leur avoir dérobé les agrémens, leur parurent alors d’une rare beauté. Ils découvrirent une charmante vallée d’environ vingt milles de longueur, et remplie de différentes espèces de bestiaux. Le gibier n’y était pas moins abondant, et la rivière continuait de leur fournir d’excellent poisson. Ils se crurent désormais à couvert de la faim dans une contrée si riche ; mais il s’y trouve de monstrueux serpens. Un jeune nègre, qui voulut passer à la nage sur une des rives, fut dévoré en y arrivant.

Le même jour, les Anglais virent paraître quatre canots qui descendaient la rivière où ils étaient rentrés. Raleigh fit ramer après eux. Deux prirent la fuite vers le rivage, d’où ceux qui les montaient s’échappèrent dans les bois, et les deux autres suivirent si légèrement le cours de l’eau, qu’il fut impossible de les joindre ; mais Raleigh, ne se bornant point à se saisir des deux premiers canots et des provisions qu’on y trouva, fit chercher les fugitifs. On en prit quelques-uns à peu de distance. C’étaient des Arouacas qui avaient servi de pilotes à trois Espagnols échappés plus heureusement, entre lesquels il y avait un raffineur d’or. En vain Raleigh mit une partie de ses gens à terre pour suivre leurs traces ; mais il