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notre mort la terre qui nous a nourris les nourrira, certes nous nous reposons sur cela. »

La variété des bois de teinture est extrême : il s’en trouve de jaunes, de violets, de différentes sortes de rouge, de blancs comme du papier, et celui qu’on nomme aouai répand une odeur insupportable lorsqu’on le coupe. Il a les feuilles du pommier, et toujours vertes. Son fruit est fort vénéneux ; mais, comme l’écorce sert dans le pays à faire les sonnettes que les Brasiliens portent aux jambes, l’arbre y est fort estimé.

Le sabaucé porte un fruit plus gros que les deux poings, et de la forme d’un gobelet, qui contient de petits noyaux du goût et de la forme de nos amandes.

Les Brasiliens mangent sans danger la racine crue de l’aypi, espèce de cynanque, et en composent une potion pour les maladies hépatiques, dont elle est le remède certain. Quelques nations de la race des Tapouyas mangent aussi cru le manioc commun, qui est un poison pour toutes les autres, et n’en ressentent aucun mal, dit Laët, parce qu’elles y sont accoutumées dès l’enfance. Les Brasiliens font de la farine de cette plante deux sortes d’alimens : l’un dur et fort cuit, qu’ils nomment ouienta ; l’autre plus mou, c’est-à-dire moins cuit, qu’ils appellent onipou.

On ne parle point de l’ananas, qui est extrêmement commun, le pocoaïre est le bananier.