Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paraguay, gouvernées pendant cent quarante ans par les jésuites, et, depuis la destruction de cette société, soumises immédiatement au gouvernement espagnol.

Au nom de ces missions la curiosité se réveille, et l’on désire des éclaircissemens sur ces contrées lointaines, où des hommes, dont la politique a été partout ailleurs l’objet de tant de reproches, acquirent par la persuasion une sorte d’empire, la plus respectable de toutes, et qui a obtenu autant d’éloges que les autres établissemens ont essuyé de censures. Nous nous bornerons à rapporter les propres termes d’Ulloa, juge oculaire et impartial.

« Les missions du Paraguay ne se bornent pas à la province de ce nom ; elles s’étendent en partie sur les territoires de Santa-Cruz de la Sierra, de Tucuman et de Buénos-Ayres. Depuis près d’un siècle et demi qu’elles ont commencé, on y a converti quantité de nations répandues dans les terres de ces quatre évêchés. Les jésuites, avec leur zèle ordinaire, commencèrent cette conquête spirituelle par les Guaranis, dont les uns habitaient les bords de l’Uruguay et du Parana, et les autres, cent lieues plus haut. Les Portugais, ne songeant qu’à l’avantage de leurs propres colonies, faisaient des courses continuelles sur ces peuples, enlevaient pour l’esclavage ceux qui tombaient entre leurs mains, et les employaient aux plantations ; mais, pour mettre les nouveaux convertis à couvert de cette disgrâce, on prit le