Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs voisins, et ne reçoivent pas même d’étrangers chez eux pour le commerce. Lorsqu’ils ne se croient pas les plus forts, ils fuient d’une vitesse qu’on compare à celle des cerfs. Leur air sale et dégoûtant, leur regard farouche, et leur physionomie bestiale, les rendent une des plus hideuses nations de l’univers : d’ailleurs ils sont distingués de la plupart des autres Brasiliens par leur chevelure, qu’ils laissent pendre jusqu’au milieu du dos, et dont ils ne coupent qu’un petit cercle sur le front. Leur langage ne ressemble pas non plus à celui de leurs plus proches voisins. C’est l’extrême barbarie de ces Indiens qui n’a point encore permis de les engager dans un commerce réglé. On ne traite avec eux que de loin, et toujours avec des armes à feu, pour réprimer par la crainte un appétit désordonné qui se réveille en eux à la vue de la chair blanche des Européens. Les échanges se font à la distance de cent pas, c’est-à-dire que de part et d’autre on porte, dans un endroit également éloigné, les marchandises qui font l’objet du commerce. On se les montre de loin sans prononcer un seul mot, et chacun laisse ou prend ce qui lui convient. Cette méthode s’observe d’assez bonne foi ; mais il paraît que la défiance est mutuelle, et que, si les Portugais craignent d’être dévorés, les Ouétacas ne redoutent pas moins l’esclavage.

À la réserve de quelques nations peu nombreuses, que leur petitesse fait nommer Pyg-