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pêcha point de raser le fort de Bonne-Espérance, qu’ils désespérèrent de pouvoir conserver.

La difficulté de subsister au milieu de peuplades ennemies fit languir long-temps l’établissement de Buénos-Ayres. Cette ville demeura déserte plus de quarante ans, et l’ardeur des conquêtes, ou plutôt l’avidité de l’or, qui entraînait les Espagnols au fond des terres, semblait leur avoir fait oublier qu’ils avaient besoin d’une retraite à l’entrée du fleuve pour les vaisseaux dont ils recevaient leurs troupes et leur munitions. Enfin de fréquens naufrages leur firent ouvrir les yeux. L’ordre vint de rétablir le port et la ville. Cette entreprise était devenue plus facile depuis les nouveaux établissemens qu’on avait faits dans les provinces intérieures, d’où l’on pouvait tirer des secours d’hommes pour tenir les barbares en respect. Ce fut en 1580 que don Jean Ortez de Zarate, alors gouverneur du Paraguay, ayant commencé par soumettre ceux qui pouvaient s’opposer à son dessein, fit rebâtir la ville dans le même lieu ou don Pèdre Mendoze l’avait placée, et changea son premier nom de Notre-Dame en celui de la Trinité de Buénos-Ayres.

Cependant elle resta long-temps encore dans un état qui ne faisait pas honneur à la province dont elle est comme l’échelle et la clef. Elle fut d’abord composée de differens quartiers, entre lesquels on avait laissé des vergers et des plaines. Les maisons, bâties la plupart