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ner nous aperçûmes, dit-il, du côté opposé au lever du soleil, à neuf ou dix toises de nous, une sorte de miroir où la figure de chacun de nous était représentée, et dont l’extrémité supérieure était entourée de trois arcs-en-ciel. Ils avaient tous trois un même centre, et les couleurs extérieures de l’un touchaient aux couleurs intérieures du suivant. Hors des trois, on en voyait un quatrième à quelque distance, mais de couleur blanchâtre : tous les quatre étaient perpendiculaires à l’horizon. Nous étions six ou sept personnes ensemble : lorsqu’un de nous allait d’un côté ou de l’autre, le phénomène le suivait sans se déranger, c’est-à-dire exactement et dans la même disposition : et ce qui surprit encore plus, chacun le voyait pour soi, et ne l’apercevait pas pour les autres. La grandeur du diamètre des arcs variait successivement à mesure que le soleil s’élevait sur l’horizon. En même temps les couleurs disparaissaient, et l’image de chaque corps diminuant par degrés, le phénomène ne fut pas long-temps à s’évanouir. Le diamètre de l’arc intérieur, pris à sa dernière couleur, était d’abord d’environ cinq degrés et demi, et celui de l’arc, blanchâtre, séparé des autres, de soixante-sept degrés. Lorsque le phénomène avait commencé, les arcs avaient paru de figure elliptique, comme le disque du soleil ; ensuite et peu à peu, ils devinrent parfaitement circulaires. Chaque petit arc était d’abord rouge ou incarnat ; mais à cette couleur suc-