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vaux, qui courent avec tant de vitesse et d’un pas si sûr au travers des rochers et des montagnes, que la légèreté la plus vantée des nôtres n’est que lenteur en comparaison. » Un prélude si curieux ne nous permet pas de paser sur cet article.

La chasse se fait entre plusieurs personnes divisées en deux classes : l’une d’Indiens à pied, pour faire lever les cerfs, l’autre de cavaliers pour la course. On se rend dès la pointe du jour au sommet du Paramo, chacun avec un lévrier en lesse. Les cavaliers prennent poste sur les plus hautes roches, tandis que les piétons battent le fond des coulées, et mêlent un grand bruit à ce mouvement. On embrasse ainsi un terrain de trois ou quatre lieues, à proportion du nombre des chasseurs. S’il part un cerf, le cheval le plus proche s’en aperçoit aussitôt, et part après lui, sans qu’il soit possible au cavalier de le retenir ni de le gouverner, quelques efforts qu’il y emploie. Il court par des descentes si raides, qu’un homme à pied n’y passerait pas sans précaution. Un étranger, témoin pour la première fois de ce spectacle, est saisi d’effroi, et juge qu’il vaudrait mieux se laisser tomber de la selle et couler jusqu’au bas de la descente, que de se livrer aux caprices d’un animal qui ne connaît ni frein ni danger. Cependant le cavalier est emporté jusqu’à ce que le cerf soit pris, ou que le cheval, fatigué de l’exercice, après deux ou trois heures de course, cède la victoire à la