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se rétrécit et s’ouvre un passage entre deux montagnes. Sorti de la chaîne des Andes, où il était singulièrement resserré, le Junguragua s’élargit de nouveau, coule, à l’est, et se joint à l’Ucayal, près de Saint-Joachim d’Omagua. Au-dessous de ce confluent, la largeur du fleuve augmente successivement. Il est grossi par les eaux de rivières immenses. En approchant de l’Océan, il se partage en deux branches : la plus petite, qui tourne au sud, se perd pour ainsi dire dans une mer formée par le concours de plusieurs grandes rivières ; la branche la plus étendue se dirige au nord-est. Sa largeur est si considérable, que d’une rive on n’aperçoit pas la rive opposée. Sa profondeur est de plus de cent brasses ; le flux s’y fait sentir à plus de deux cents lieues de la mer. L’embouchure est à au nord de la ligne. La longueur du Maragnon, à la prendre seulement depuis le lac Lauricocha, n’est pas moindre de onze cents lieues jusqu’à l’Océan.

Dans le cours du Tunguragua il se trouve des endroits où, changeant tout d’un coup de direction, ce fleuve heurte avec violence les rochers escarpés de ses bords, ce qui lui fait former des tournoiemens aussi dangereux pour les bâtimens que les détroits dont ils sont heureusement sortis. Le plus célèbre de ces détroits, par ses dangers est celui qu’on rencontre entre San-Iago de las Montanas et Borja, et auquel on donne le nom de Pongo de Manseriche. Pongo, en américain, signifie