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tier y revient à une piastre ou une piastre et demie par jour ; le prix du fer s’y élève quelquefois à 40 piastres (410 francs) le quintal. Tel est l’effet qui résulte de ce que la population entière consomme sans rien produire.

Dans les provinces au sud et à l’ouest de Santa-Fé, l’on rencontre des ânes sauvages provenus de ceux qui ont été amenés d’Europe. Ils se sont beaucoup multipliés. On ne les prend pas sans peine. Les chasseurs s’assemblent en grand nombre à cheval et à pied ; on fait une battue pour resserrer les ânes dans quelque vallon. Lorsqu’ils se voient renfermés par un cercle d’hommes, ils tâchent de se sauver, et l’un d’eux n’a pas plus tôt fait une ouverture, que tous les autres le suivent à la file ; c’est le temps qu’on prend pour leur jeter des lacs. On renverse ceux qui sont arrêtés, avec le soin de leur mettre aussitôt des entraves aux jambes, et pendant le reste de la chasse on les laisse dans cette situation ; ensuite, pour les emmener plus facilement, on les attache avec des ânes domestiques. En liberté, ils sont si farouches, qu’on a peine à s’en approcher : ils ruent et mordent avec fureur. D’ailleurs le meilleur cheval les atteint difficilement à la course ; mais, dès la première charge qu’on leur met sur le dos, ils perdent leur légèreté et leur indocilité ; et, devenant fort paisibles, ils prennent bientôt cet air de lenteur et de stupidité qui est comme l’apanage de leur espèce. On observe qu’étant libres, ils ne peuvent souf-