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cause dans la nature du climat. On a fondé, pour en arrêter la communication, un grand hôpital hors de la ville, proche d’une colline, où est le château qui en tire le nom de San-Lazaro. Tous ceux que l’on croit attaqués de la lèpre y sont renfermés sans distinction de sexe, d’âge ni de rang ; et, s’ils refusent d’y aller de bonne grâce, on emploie la force pour les y conduire. Mais le mal ne fait qu’augmenter entre eux, parce qu’on leur permet de s’y marier, et qu’il se perpétue dans leurs enfans, sans compter que, les revenus de l’hôpital étant médiocres, on laisse aux pauvres la liberté d’aller mendier dans la ville, au risque d’infecter ceux qui s’en laissent approcher. Aussi le nombre des malades est-il si grand, que l’enceinte de leur demeure a l’étendue d’une petite ville. Chacun y jouit d’une petite portion de terrain qu’on lui marque à son entrée. Il y bâtit une cabane proportionnée à sa fortune, où il vit sans trouble jusqu’à la fin de ses jours. Les souffrances inséparables de la lèpre n’empêchent point que ceux qui en sont attaqués ne vivent long-temps. On remarque aussi qu’elle excite vivement le feu des passions sensuelles, et c’est l’expérience des désordres qu’elles peuvent causer qui fait permettre le mariage aux malades.

Une maladie plus étrange, mais moins commune, est celle qui se nomme la culebrilla ou le dragonneau. Elle consisté dans une tumeur qui se forme entre les membranes de la peau,