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1735, qu’on n’en voyait qu’au gouverneur et à quelques officiers : au lieu de cravates, on se contente de fermer le cou de la chemise avec un gros bouton d’or, et le plus souvent on le laisse ouvert. Plusieurs vont nu-tête, et les cheveux coupés au chignon ; mais la plupart ont un bonnet blanc de toile fine. Ils portent, pour se rafraîchir, des éventails tissus d’une espèce de palme fine et déliée, en forme de croissant, avec un bout de la même palme qui sert de manche.

« Les femmes blanches ont une sorte de jupe nommée pollera, qu’elles attachent à la ceinture, et qui pend jusqu’aux talons, de taffetas uni et sans doublure. Un pourpoint leur couvre le reste du corps ; mais elles ne le portent que dans la saison qu’elles nomment hiver, et n’ont en été qu’un corset lacé sur la poitrine ; jamais elles ne sortent du logis sans la mantille et la jupe. Leur usage est d’aller à l’église dès trois heures du matin, pour éviter la chaleur du jour. Celles qui ne sont pas exactement blanches mettent par-dessus la pollera une jupe de taffetas de la couleur qu’elles aiment, à l’exception de la noire, qui leur est interdite. Cette jupe est toute percée de petits trous pour laisser voir celle qui est dessous. Elles se couvrent la tête d’un bonnet de toile blanche, de la forme d’une mitre, et fort garni de dentelles ; il est terminé par une pointe qui répond perpendiculairement au front : jamais elles ne paraissent sans cette coiffure. Les femmes de