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vus de ces mêmes denrées, on a peu d’occasions de trafiquer avec eux. Ce qui soutient Carthagène, en tiempo muerto, en temps mort, ce sont les bourgades de sa juridiction, d’où l’on apporte tout ce qui est nécessaire à la subsistance de ses habitans, dans des canots, ou dans une espèce de bateaux qu’ils nomment champanes. Les premiers côtoient toujours le rivage de la mer ; et les seconds viennent par la rivière de la Madeleine, ou par celle de Zenu. En échange des denrées, ils se chargent de quelques étoffes, dont les boutiques des négocians sont pourvues par les galions, ou quelquefois par les prises de quelques corsaires. Les subsistances du pays ne paient aucun droit. Chacun a la liberté de tuer dans sa maison les animaux dont il croit pouvoir vendre la chair dans un jour ; car celle même du porc ne se mange point salée à Carthagène, et les chaleurs ne permettent pas de la garder long-temps fraîche. Les denrées qu’on apporte d’Espagne, telles que l’eau-de-vie, le vin, l’huile, les amandes et les raisins secs, paient un droit d’entrée, et se vendent ensuite librement. Ceux qui les vendent en détail ne sont assujettis qu’à l’alcavala, droit imposé sur les échopes et les boutiques.

« Outre les marchandises qui font l’entretien de ce petit commerce intérieur, la ville a depuis long-temps un bureau pour l’assiente des esclaves nègres que les vaisseaux y apportent. Ils y restent comme en dépôt, jusqu’à ce qu’ils