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nent à louage des chambres et des boutiques ; les autres tirent un prix avantageux des ouvrages de leur profession. Ceux qui ont des esclaves profitent de leur travail, dont le salaire augmente à proportion du besoin qu’on a d’eux. L’argent circule de toutes parts. Il en reste à quantité d’esclaves pour acheter leur liberté, après avoir payé à leur maître ce qu’ils doivent pour l’occupation journalière. Ces avantages s’étendent jusqu’aux plus misérables villages de la dépendance de Carthagène, par le seul prix des denrées, qui augmente naturellement avec la consommation.

« Mais ce mouvement ne dure que pendant le séjour des galions dans la baie. Après leur départ, tout rentre dans le silence et l’inaction ; aussi ce temps est-il nommé le temps mort. Le commerce particulier que la ville fait alors avec tous les autres gouvernemens se réduit à presqu’à rien. Elle reçoit de la Trinité, de la Havane et de Saint-Domingue quelques bélandres chargés de tabac et de sucre, qui reprennent pour cargaison du cacao de la Madeleine, des vases de terre, du riz et d’autres marchandises rares dans ces îles. Il se passe trois mois sans qu’on voie paraître un de ces bâtimens. On n’en fait pas partir beaucoup plus de Carthagène. Quelques-uns vont à Nicaragua, à Vera-Cruz, à Honduras, et plus souvent à Porto-Bello, à Chagre ou à Sainte-Marthe ; mais ce commerce est très-faible, parce que la plupart de ces lieux étant pour-