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partie, lorsqu’un accident renversa le panier et fit tomber les grains ; il parut extrêmement fâché qu’on eût troublé son calcul. Un autre, s’écartant un peu du chemin, entreprit aussi le même compte, et crut l’avoir fait ; mais ses compagnons lui ayant demandé quel était le nombre des étrangers, il ne put le dire. Enfin, quelques jours après, vingt ou trente des plus graves recommencèrent le calcul, et n’y réussirent pas mieux, apparemment parce qu’il excédait leur arithmétique. Ils se mirent alors à disputer avec beaucoup de chaleur, jusqu’à ce qu’un d’entre eux, pour terminer la dispute, prit en main tous ses cheveux et les remua devant rassemblée. C’était faire entendre que le compte était impossible, et cette déclaration les mit tous d’accord.

Ils n’ont ni temple ni culte. On y envoie des missionnaires qui convertissent, dit-on, des sept ou huit cents hommes à la fois ; de sorte que, depuis qu’ils y vont, tous ces pays devraient être absolument chrétiens. Cependant, dit Corréal, le christianisme de Tierra-Firme ne fait pas grand bruit dans le monde. Gomara fait consister la principale religion de l’isthme et des peuples voisins dans la crainte du diable, qu’ils peignent, dit-il, sous diverses figures, telles qu’il les prend quelquefois pour se montrer. Il est assez étrange que, dans un long séjour avec eux, Waffer n’ait remarqué aucune apparence de cérémonie religieuse, d’adoration ou de sacrifice, et qu’il ne parle