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ment par les bois, les marécages et les rivières, plutôt que par les chemins battus, soit par la crainte de rencontrer des Espagnols, soit uniquement pour l’avantage de leur chasse. Les hommes et les femmes, jusqu’aux enfans, traversent les rivières à la nage ; mais ils se servent de canots ou de radeaux pour les descendre. Lorsqu’on leur demande le chemin, ils ont une manière de l’enseigner qui leur est propre : en apprenant où l'on veut aller, ils font tourner le visage au voyageur du même côté ; et, pour lui marquer quand il arrivera, ils lui font fixer les yeux sur quelque partie de l’arc que le soleil décrit dans leur hémisphère. Suivant qu’il est plus bas ou plus élevé, à l’orient comme à l’occident du méridien, ils annoncent non-seulement le jour auquel on peut arriver, mais si c’est le matin ou l’après-midi, et l’heure même de l’un ou de l’autre.

Ils ne distinguent les semaines, les jours et les heures que par des signes qu’ils savent faire entendre à ceux mêmes qui ignorent leur langue, et le temps passé que par les lunes. Leur manière de compter est par unités et par dizaines, jusqu’à cent ; mais ils ne vont point au delà. En allant dans la mer du Sud, le capitaine Sharp avait trois cents hommes sous ses ordres. Les Américains voulurent compter ce nombre. Un d’entre eux s’assit, en tenant deux poignées de grains de maïs, dont il mettait un dans son panier à chaque Anglais qu’il voyait passer. Il en avait déjà compté une grande