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porter les provisions ; ce sont des paniers de bananes, d’ignames, de patates et de racines rôties. Dans les bois, elles trouvent des bananes vertes, qu’elles apprêtent sur-le-champ. La farine de maïs n’est point oubliée, pour en faire du chicacopa. L’usage commun pour le gibier que les chasseurs tuent, est de manger sur-le-champ ce que la chaleur peut corrompre, et d’emporter ce qui peut être gardé. Chaque nuit ils logent dans le lieu où ils se trouvent vers le coucher du soleil, pourvu que ce soit près d’une rivière ou d’un ruisseau, ou sur le penchant d’une montagne. Ils suspendent leurs hamacs entre deux arbres, et font un feu qui dure toute la nuit. On attribue une propriété fort singulière à leurs chiens. Quand ces animaux ont lassé un pécari, ils l’entourent ; et, n’osant se jeter sur lui, ils le tiennent enfermé au milieu d’eux jusqu’à l’arrivée de leurs maîtres ; alors ils se retirent tous pour se garantir des flèches. Un Américain qui a blessé une bête sauvage court et l’achève d’un coup de lance. Après l’avoir tuée, il l’éventre, jette ses entrailles, lui croise les jambes, dans lesquelles il passe un bâton, et la porte sur ses épaules à sa femme. On observe qu’ils ne mangent d’aucun animal sans l’avoir fait saigner. S’ils prennent un oiseau vif, ils le percent avec la pointe d’une flèche pour en tirer tout le sang. Lorsqu’ils veulent conserver la chair des bêtes sauvages, ils la font dessécher sur le feu en plein air, avec autant de