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fort bizarre. Le père, ou, en son absence, le plus proche parent de la fille, doit la tenir enfermée pendant sept nuits sous sa seule garde, pour lui marquer apparemment le regret qu’il a de la quitter. Ensuite il la livre à son mari. Tous les habitans du canton sont invités à la fête. Les hommes apportent des haches pour le travail ; et les femmes, chacune leur demi-boisseau de maïs : les garçons apportent des fruits et des racines, et les filles du gibier et des œufs. Personne n’arrive sans un présent. Chacun met le sien devant la cabane nuptiale, et s’en écarte jusqu’à la fin de cette procession. Alors les hommes entrent les premiers dans la cabane et le marié les reçoit l’un après l’autre, en leur présentant une coupe remplie de quelque boisson forte. Les femmes succèdent immédiatement, et reçoivent aussi une coupe de liqueur. Ensuite les garçons et les jeunes filles sont introduits de même. Lorsque tous les convives sont rassemblés, on voit paraître les pères des deux parties. Celui du garçon fait un assez long discours, après lequel il commence à danser avec mille contorsions, jusqu’à perdre haleine. Ensuite, se mettant à genoux, il présente son fils à la mariée, dont le père est aussi à genoux, et la tient par une main. Alors celui-ci se lève et danse à son tour. Après cette danse, les deux époux s’embrassent, et le jeune homme rend la fille à son père. Aussitôt les hommes, armés de leurs haches, courent, en sautant, vers une petite portion de terre qui