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de les voir, nous eûmes du moins celui de les entendre. Tantôt ils poussaient de grands cris en contrefaisant ceux de divers animaux ; tantôt c’étaient des pierres et des coquilles qu’ils faisaient heurter les unes contre les autres. Ils joignaient à ce bruit le son d’une espèce de tambour et d’un autre instrument composé de cordes et d’os de bêtes. D’effroyables hurlemens succédaient par intervalles, et de temps en temps toute cette infernale musique était interrompue par le plus profond silence. La conjuration avait déjà duré plus d’une heure, lorsque les devins, surpris de ne recevoir aucune réponse, conclurent que le silence de leur divinité venait de notre présence dans la même maison. Ils nous obligèrent d’en sortir, et l’opération fut recommencée. Le succès n’en fut pas plus heureux ; une nouvelle recherche dans la cabane leur fit découvrir quelques-unes de nos hardes pendues au mur ; ils les jetèrent brusquement dehors. Ensuite, rien ne s’opposant plus à leurs désirs, ils parurent satisfaits ; et nous les vîmes bientôt sortir de leur retraite, en sueur et fort agités. Ils allèrent d’abord se laver dans la rivière ; ensuite, venant à nous, ils nous dirent qu’avant dix jours il arriverait deux vaisseaux ; que nous entendrions tirer deux coups de canon, et qu’un de nos compagnons perdrait la vie. En effet, le matin du dixième jour nous entendîmes les deux coups, et nous découvrîmes deux vaisseaux qui s’arrêtèrent à la caye