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« Nous trouvâmes au pied de la montagne une rivière qui coulait vers la mer du Nord, et quelques maisons sur ses rives. On nous y fit un accueil qui nous fit oublier six jours d’une cruelle fatigue, pendant lesquels nous n’avions eu pour le repos de la nuit, qu’un hamac suspendu entre deux arbres, avec un peu de maïs pour unique nourriture. Nous arrivâmes bientôt au bord de la mer, où nous fûmes surpris de rencontrer quarante des principaux du pays, qui nous félicitèrent sur le succès de notre voyage. Nous ignorions qu’un de nos guides avait été détaché pour les informer de notre arrivée. Loin d’être nus comme les Américains des montagnes, ils avaient de fort belles robes blanches et bordées de franges, qui leur descendaient jusqu’à la cheville du pied. Chacun était armé d’une demi-pique. Leurs caresses furent vives. Nous leur demandâmes s’ils n’avaient pas vu quelques vaisseaux de l’Europe : ils répondirent qu’il n’y en avait point sur la côte ; mais que, si nous souhaitions d’être mieux instruits, il était aisé de nous satisfaire.

« Ils firent appeler aussitôt quelques-uns de leurs devins. Il en vint trois ou quatre, auxquels on n’eut pas plus tôt déclaré ce qu’on attendait d’eux, qu’ils firent des préparatifs pour leur conjuration. Ils commencèrent par se renfermer dans une partie de la cabane où nous étions, pour y faire plus librement leurs cérémonies ; et si nous n’eûmes pas le plaisir