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trée de leur pays aux missionnaires, quelque différence qu’il y ait entre leurs maximes et celles qu’on leur prêche. Plusieurs se font baptiser ; mais ils ne renoncent point aisément à la vie libre dans laquelle ils sont élevés, et la plupart de ces nouveaux convertis n’ont aucune sorte de religion. Vers le commencement du dix-huitième siècle, les missionnaires en avaient rassemblé un assez grand nombre, dont ils avaient formé des villages. Dans tous les forts de la frontière, il y avait aussi des aumôniers payés par le roi pour les instruire ; mais à la première nouvelle d’un soulèvement qui eut lieu en 1720, tous les néophytes disparurent et se joignirent aux guerriers de leur nation.

Quoique dans leurs guerres ces peuples ne fassent de quartier à personne, surtout aux Espagnols, ils ne laissent pas d’épargner les femmes blanches ; ils les enlèvent et les conduisent dans leurs terres, où ils vivent avec elles. De la vient cette multitude d’Indiens blancs et blonds, qu’on prendrait pour des Européens nés au Chili. Pendant la paix il en vient un grand nombre dans les villes et les bourgs espagnols, qui s’engagent à travailler pour un certain prix l’espace d’un an ou de six mois. Ils s’en retournent à la fin du terme, après avoir employé leur salaire en merceries. Tous ces peuples, sans distinction de sexe, portent des ponchos et des manteaux de laine ; mais cet habillement est fort court, et ne leur