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lorsque les Espagnols ne s’attendent à rien moins qu’à être attaqués, des Indiens qui vivent parmi eux les surprennent et les tuent. Ensuite ils se dispersent de divers côtés ; ils entrent dans les petits villages, dans les métairies et les chaumières, où ils égorgent tout ce qu’ils rencontrent, sans distinction d’âge ni de sexe. Après cette exécution, se réunissant en corps, ils forment une armée, plus redoutable néanmoins par le nombre que par la discipline et l’habileté. Ces furieuses invasions leur ont souvent réussi, malgré les plus sages précautions des gouverneurs espagnols, parce que les secours qu’ils reçoivent continuellement les empêchent de sentir leurs pertes. S’ils en font d’assez sanglantes pour se rebuter du combat, ils se retirent à quelques lieues du champ de bataille ; mais cinq ou six jours après, ils vont fondre d’un autre côté.

Ces peuples ne déclarent jamais de guerre qu’elle ne dure plusieurs années. Dans la paix, leurs plus grandes occupations consistent à cultiver leurs champs et à fabriquer des ponchos on manteaux pour leur habillement ; c’est même plutôt à leurs femmes qu’ils laissent ordinairement ce travail ; tandis que, s’abandonnant à l’oisiveté, ils passent le temps à boire d’une espèce de cidre, composé de pommes qu’ils ont en abondance dans leurs terres. Leurs cabanes sont si légères, qu’un jour ou deux suffisent pour les bâtir. Leurs mets demandent peu de préparation ; ce sont des racines et de la farine