Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 15.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bleues mêlées de rouges. Il y en a de tout prix, depuis cinq jusqu’à cent cinquante et deux cents piastres. L’étoffe est de laine, fabriquée par les Américains.

Ce qu’on nomme les Guases à la Conception est une race d’Indiens fort adroits dans le maniement des lacs et des lances. Rarement ils manquent leur coup avec les lacs ; à cheval même, en courant à toute bride. Un taureau furieux, tout autre animal, et l’homme le plus rusé, ne leur échappent jamais. Comme il faut que le licou serre la proie qu’ils veulent saisir, ils poussent vivement leur cheval pour le jeter ; de sorte que l’animal se trouve pris et entraîné avec une vitesse qui ne laisse pas distinguer les degrés de l’action. Dans leurs querelles particulières, ils se servent entre eux de ces lacs et d’une demi-lance, avec tant d’habileté dans l’attaque et la défense, qu’après un long combat ils se séparent souvent sans avoir pu s’élancer, et sans autre mal que quelques coups de lance. La seule manière de se dérober au licou, si c’est en pleine campagne, c’est de s’étendre à terre tout de son long, aussitôt qu’on le leur voit prendre à la main, et de s’y blottir, pour ne pas donner de prise. On se garantit aussi en se collant contre un arbre ou contre un mur. Leurs licous ou lacs sont de cuir de bœuf. Ils tordent cette courroie, ils la rendent souple à force de la graisser, et l’allongent en la tirant, jusqu’à ne lui laisser qu’un demi-doigt d’épaisseur ; elle est cependant si