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par le Mapocho, qui, lui fournissant par des aquéducs une grande quantité d’eau, répand la fraîcheur et la fécondité dans les jardins dont elle est remplie. On lui donne 1000 toises de long de l’est à l’ouest, et 600 de large du nord au sud. On estime sa population à 30,000 âmes. Ses rues se coupent à angles droits ; elles sont larges, mais malpropres. La grande place est ornée d’une belle fontaine. L’hôtel des monnaies, la nouvelle cathédrale, et d’autres églises, sont des édifices qui méritent d’être cités à cause de leur magnificence, quoique les règles de l’architecture n’y aient pas toujours été exactement observées. Les hommes sont bien faits ; les femmes ont les traits agréables, le teint blanc, et des couleurs vives ; ce qui ne les empêche pas de se farder, et de mettre surtout beaucoup de rouge, sans considérer que non-seulement cette mode leur altère le teint, mais quelle leur gâte presque toutes les gencives et les dents : d’ailleurs elles défigurent leurs charmes par une mise un peu gothique.

Dans cette ville, la manière de vivre porte cette teinte de gaieté, d’hospitalité, d’amabilité, qui distinguent avantageusement les Espagnols du Nouveau-Monde, de leurs compatriotes d’Europe. La conversation, dans les premiers cercles de la ville, a le caractère de liberté et de naïveté qui règne dans nos campagnes. On y aime singulièrement, de même que dans toute l’Amérique, la musique et la danse. Le