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s’assoupir une minute après. Les convulsions suivirent bientôt, et quoiqu’on lui fit avaler alors du sucre, elle expira. Une troisième, piquée avec la même flèche retrempée dans le poison, ayant été secourue à l’instant avec le même remède, ne donna aucun signe d’incommodité. Ce poison est un extrait tiré par le feu des sucs de diverses plantes, particulièrement de certaines lianes.

On avait assuré l’académicien qu’il entre plus de trente sortes d’herbes dans celui des ticunas, qui est le plus célèbre entre les nations des rives de l’Amazone, et ce fut celui dont il fit l’épreuve. Il est assez surprenant, dit-il, que, parmi des peuples qui ont sans cesse un instrument si sûr et si prompt pour satisfaire leurs haines, leurs jalousies et leurs vengeances, un poison de cette subtilité ne soit funeste qu’aux singes et aux oiseaux.

L’académicien, retenu à Cayenne par divers obstacles, en partit après un séjour de six mois, dans un canot que lui fournit le commandant, et se rendit à Surinam, où il était invité par Mauricius, gouverneur de cette colonie hollandaise. Il fit heureusement le trajet en soixante et quelques heures. Le 27 août, il entra dans la rivière de Surinam, qu’il remonta l’espace de cinq lieues jusqu’à Paramaribo, capitale de la colonie. Son observation de la latitude de cette place lui donna 5° 49′ du nord. Il ne cherchait qu’une occasion de repasser en Europe. Le navire le plus prompt à partir fut le