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tentant d’indiquer les causes du fait, a remarqué dans plusieurs autres lieux, dit-il, où il a examiné les circonstances de ce phénomène, « que cela n’arrive que lorsque le flot, montant et engagé dans un canal étroit, rencontre en son chemin un banc de sable ou un haut-fond qui lui fait obstacle ; que c’est là, et non ailleurs, que commence le mouvement impétueux et irrégulier des eaux, et qu’il cesse un peu au delà du banc, quand le canal redevient profond ou s’élargit considérablement. » Il ajoute qu’il arrive quelque chose de semblable aux îles Orcades, et à l’entrée de la Garonne, où l’on donne le nom de mascaret à cet effet des marées.

Les Indiens et leur chef, craignant de ne pouvoir, en cinq jours qui restaient jusqu’aux grandes marées, arriver au cap de Nord, qui n’était qu’à quinze lieues, et au delà duquel on peut trouver un abri contre la pororoca, retinrent La Condamine dans une île déserte, où il ne trouva pas de quoi mettre le pied à sec, et où, malgré ses représentations, il fut retenu neuf jours entiers pour attendre que la pleine lune fût bien passée. De là il se rendit au cap de Nord en moins de deux jours ; mais le lendemain, jour du dernier quartier et des plus petites marées, son canot échoua sur un banc de vase, et la mer, en baissant, s’en retira fort loin. Le jour suivant, le flux ne parvint pas jusqu’au canot. Enfin il passa sept jours dans cette situation, pendant lesquels ses ra-