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îles, par des canaux étroits, remplis de détours qui traversent d’une rivière à l’autre, et par lesquels on évite le danger de leurs embouchures. Tous ses soins se rapportant à dresser sa carte, il fut obligé de redoubler son attention pour ne pas perdre le fil de ses routes dans ce dédale tortueux d’îles et de canaux sans nombre.

Le 19 septembre, c’est-à-dire près de quatre mois après son départ de Cuença, il arriva heureusement à la vue du Para, que les Portugais nomment le grand Para, c’est-à-dire la grande rivière, dans la langue du Brésil. Il prit terre dans une habitation de la dépendance du collége des jésuites, où il fut retenu huit jours par le supérieur de cet ordre, pendant qu’on lui préparait un logement dans la ville, en vertu des ordres de sa majesté portugaise adressés à tous ses gouverneurs. Il y trouva, le 27, une maison fort commode et richement meublée, avec un jardin d’où l’on découvrait l’horizon de la mer, et dans une situation telle qu’il l’avait désirée pour la commodité de ses observations. « Nous crûmes, dit-il, en arrivant au Para, à la sortie des bois de l’Amazone, nous voir transportés en Europe. Nous trouvâmes une grande ville, des rues bien alignées, des maisons riantes, la plupart rebâties depuis trente ans en pierre et en moellon , des églises magnifiques. Le commerce direct des habitans avec Lisbonne, d’où il leur vient tous les ans une flotte marchande, leur donne la facilité de se pourvoir de toutes sortes de commodités.