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bord opposé ne cesse point d’en être infecté. En examinant la situation des lieux, La Condamine crut devoir attribuer cette différence au changement de direction du cours de la rivière. Elle tourne au nord, et le vent d’est, qui y est presque continuel, doit porter ces insectes sur la rive occidentale.

La forteresse portugaise de Curupa, où les deux voyageurs arrivèrent le 9, fut bâtie par les Hollandais, lorsqu’ils étaient maîtres du Brésil : elle est peuplée de Portugais, sans autres Indiens que leurs esclaves. La situation en est agréable, dans un terrain élevé, sur le bord méridional du fleuve, huit journées au-dessus du Para. Depuis Curupa, où le flux et le reflux deviennent très-sensibles, les bateaux ne vont plus qu’à la faveur des marées. Quelques lieues au-dessous de cette place, un petit bras de l’Amazone, nommé Tajipuru, se détache du grand canal qui tourne au nord ; et, prenant une route opposée vers le sud, il embrasse la grande île de Joanes ou Marayo. De là il revient au nord par l’est, décrivant un demi-cercle ; et bientôt il se perd en quelque sorte dans une mer formée par le concours de plusieurs grandes rivières, qu’il rencontre successivement. Les plus considérables sont premièrement Rio de dos Bocas, rivière des Deux-Bouches, formée de la jonction des deux rivières de Guanapu et de Pacajas, large de plus de deux lieues à son embouchure, et que toutes les anciennes cartes nomment, comme Laët, rivière du