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Le 5 au soir, la variation de l’aiguille, observée au soleil couchant, était de 5 degrés et demi du nord à l’est. Un tronc d’arbre déraciné, que le courant avait poussé sur le bord du fleuve, ayant servi de théâtre pour cette observation, La Condamine, surpris de sa grandeur, eut la curiosité de le mesurer. Quoique desséché, et dépouillé même de son écorce, sa circonférence était de vingt-quatre pieds, et sa longueur de quatre-vingt-quatre entre les branches et les racines. On peut juger de quelle hauteur et de quelle beauté sont les bois des bords de l’Amazone et de plusieurs autres rivières qu’elle reçoit. Le 6, à l’entrée de la nuit, les deux voyageurs laissèrent le grand canal du fleuve vis-à-vis du fort de Para, situé sur le bord septentrional, et rebâti depuis peu par les Portugais sur les ruines d’un vieux fort où les Hollandais s’étaient établis ; là, pour éviter de traverser le Xingu à son embouchure, où quantité de canots se sont perdus, ils entrèrent de l’Amazone dans le Xingu même par un canal naturel de communication. Les îles qui divisent la bouche de cette rivière en plusieurs canaux, ne permettent point de mesurer géométriquement sa largeur ; mais, à la vue, elle n’a pas moins d’une lieue. C’est la même rivière que le P. d’Acugna nomme Paranaïba, et le P. Fritz, dans sa carte, Aoripana ; diversité qui vient de celle des langues. Xingu est le nom indien d’un village où il y a une mission sur le bord de la rivière, à quelques lieues de son embouchure.