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tailler et leur donner diverses figures d’animaux. C’est sans doute ce qui a fait juger à quelques navigateurs, mauvais physiciens, qu’elles n’étaient que du limon de la rivière, auquel on donnait aisément une forme, et qui acquérait ensuite à l’air son extrême dureté. Mais quand une supposition si peu vraisemblable n’aurait pas été démentie par des essais, il resterait le même embarras pour ces émeraudes arrondies, polies et percées, dont on a parlé dans l’article des anciens monumens du Pérou. La Condamine observe que les pierres vertes deviennent plus rares de jour en jour, autant parce que les Américains, qui en font grand cas, ne s’en défont pas volontiers, que parce qu’on en a fait passer un fort grand nombre en Europe.

Le 4 septembre, les deux voyageurs commencèrent à découvrir des montagnes du côté du nord, à douze ou quinze lieues dans les terres. C’était un spectacle nouveau pour eux, après avoir navigué deux mois depuis le Pongo sans voir le moindre coteau. Ce qu’ils apercevaient, étaient les collines antérieures d’une longue chaîne de montagnes, qui s’étend de l’ouest à l’est, et dont les sommets sont les points de partage des eaux de la Guiane. Celles qui prennent leur pente du côté du nord forment les rivières de la côte de Cayenne et de Surinam, et celles qui coulent vers le sud, après un cours de peu d’étendue, vont se perdre dans l’Amazone.