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Mais, pour s’élever au-dessus des conjectures, il faudrait une suite d’observations exactes, ce qui demanderait un long séjour dans chaque lieu, et un délai qui ne convenait point à l’impatience où La Condamine était de revoir sa patrie ; il se rendit en seize heures de Pauxis à Topayos, autre forteresse portugaise, à l’entrée de la rivière du même nom, qui en est une du premier ordre ; elle descend des mines du Brésil en traversant des pays inconnus, mais habités par des nations sauvages et guerrières, que les missionnaires s’efforcent d’apprivoiser. Des débris du bourg de Tupinambara, autrefois situé dans une grande île, à l’embouchure de la rivière de Madera, s’est formé celui de Topayos, dont les habitans sont presque l’unique reste de la vaillante nation des Topinambos ou Topinamboux, dominante, il y a deux siècles, dans le Brésil, où ils ont laissé leur langue. On a vu leur histoire et leurs longues pérégrinations dans la relations du P. d’Acugna. C’est chez les Topayos qu’on trouve aujourd’hui, plus facilement qu’ailleurs, de ces pierres vertes connues sous le nom de pierres des Amazones, dont on ignore l’origine, et qui ont été long-temps recherchées pour la vertu qu’on leur attribuait de guérir de la pierre, de la colique néphrétique, de l’épilepsie. Elles ne diffèrent ni en dureté, ni en couleur du jade oriental : elles résistent à la lime, et l’on a peine à s’imaginer comment les anciens Américains ont pu les