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est surtout possible parmi les nations sauvages de l’Amérique, où les maris réduisent leurs femmes à la condition d’esclaves et de bêtes de somme. Enfin il paraît persuadé, par la variété des témoignages non concertés, qu’il y a eu des Amazones américaines ; mais il y a toute apparence, dit-il, qu’elles n’existent plus.

Il partit de Coari le 20 août, avec un nouveau canot et de nouveaux guides. La langue du Pérou, qui était familière à Maldonado, et dont l’académicien avait aussi quelque teinture, leur avait servi à se faire entendre dans toutes les missions espagnoles, où l’on s’est efforcé d’en faire une langue générale. À Saint-Paul, ils avaient eu des interprètes portugais qui parlaient la langue du Brésil, introduite aussi dans les missions portugaises ; mais n’en ayant point trouvé à Coari, où toute leur diligence ne put les faire arriver avant le départ du grand canot du missionnaire pour le Para, ils se virent parmi des hommes avec lesquels ils ne pouvaient converser que par signes, ou à l’aide d’un court vocabulaire que La Condamine avait fait de diverses questions dans leur langue, mais qui malheureusement ne contenait pas les réponses. Ces peuples connaissent plusieurs étoiles fixes, et donnent des noms d’animaux à diverses constellations ; ils appellent les hyades, ou la tête du taureau, d’un nom qui signifie aujourd’hui dans le pays, mâchoire de bœuf, parce que depuis qu’on a transporté des bœufs en Amérique, les Brasi-