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zone, dans cet intervalle, reçoit aussi du côté du nord d’autres grandes rivières. C’est dans ces quartiers qu’était situé un village indien où Texeira, remontant le fleuve en 1637, reçut en troc, des anciens habitans, quelques bijoux d’un or qui fut essayé à Quito et jugé de vingt-trois carats. Il en donna le nom de Village de l’or à ce lieu ; et dans son retour, le 26 août 1639, il y planta une borne et en prit possession pour la couronne de Portugal, par un acte qui se conserve dans les archives du Para, où La Condamine l’a vu. Cet acte, signé de tous les officiers du détachement, porte que ce fut sur une terre haute, vis-à-vis des bouches de la rivière d’Or. Le P. d’Acugna et le P. Fritz confirment la réalité des richesses du pays et du commerce de l’or qui s’y faisait entre les Indiens, surtout avec la nation des Manaves ou Manaos, qui venaient à la rive septentrionale de l’Amazone ; tous ces lieux sont placés sur la carte du P. Fritz. Cependant le fleuve, le lac, la mine, la borne et le Village de l’or, attestés par la déposition de tant de témoins, tout a disparu, et sur les lieux mêmes on en a perdu jusqu’à la mémoire.

Dans le cours de sa navigation, il n’avait pas cessé de demander aux Indiens des diverses nations s’ils avaient quelque connaissances de ces femmes belliqueuses dont le fleuve a tiré son nom parmi les Européens, et s’il était vrai, comme le P. d’Acugna le rapporte avec confiance, qu’elles vécussent éloi-