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Cette grande étendue donnant beaucoup de prise au vent, il y excite de vraies tempêtes, qui ont souvent submergé des canots. Les deux voyageurs en essuyèrent une contre laquelle ils ne trouvèrent d’abri que dans l’embouchure d’un petit ruisseau. C’est le seul port en pareil cas. Aussi s’éloigne-t-on rarement des bords du fleuve. Il est dangereux aussi de s’en trop approcher. Un des plus grands périls de cette navigation est la rencontre des troncs d’arbres déracinés qui demeurent engravés dans le sable ou le limon, proche du rivage, et cachés sous l’eau. En suivant de trop près les bords, on est menacé aussi de la chute subite de quelque arbre, ou par caducité, ou parce que le terrain qui le soutenait s’abîme tout d’un coup après avoir été long-temps miné par les eaux. Quant à ceux qui sont entraînés au courant, comme on les aperçoit de loin, il est aisé de s’en garantir.

Quoiqu’il n’y ait à présent sur les bords du Maragnon aucune nation ennemie des Européens, il se trouve encore des lieux où il serait dangereux de passer la nuit à terre. Le fils d’un gouverneur espagnol, connu à Quito de La Condamine, ayant entrepris de descendre la rivière, fut surpris et massacré par des sauvages de l’intérieur des terres, qui le rencontrèrent sur la rive, où ils ne viennent qu’à la dérobée.

Le missionnaire de Saint-Paul fournit aux deux voyageurs un nouveau canot équipé de